Actualité Trail :

Portrait Julien Chorier (19/04/2012)



Ton palmarès ?
2011 vainqueur :
160 km  Hardrock Hundred Endurance Run,
163 km grand raid de la Réunion,
80 km ultra-Technitrail de Tiranges.

2012 :

Deuxième du trail des Citadelles.

Tes sports hors trail pratiqués avant et aujourd’hui ?

J’ai débuté le sport en 97 par une année d’athlétisme. Je suis ensuite passé au cyclisme de 98 à 2006. J’ai couru dans toutes les catégories FFC avant de m’orienter presque uniquement vers les cyclosportives les deux dernières années. L’ambiance et les parcours me convenaient mieux. Actuellement je fais toujours du vélo et l’hiver du ski de rando et de fond.

Tes débuts en trail et raisons de ce choix ?

A la sortie des études, avec le travail, le vélo me prenait trop de temps. En mai 2006, je raccroche le vélo. En septembre, je fais le tour du lac du Bourget avec des amis. Ensuite, on me propose de faire la SaintéLyon en équipe. J’accepte, mais l’équipe ne peut pas se monter. Je décide de faire SaintéLyon en solo. C’est ma première grosse course. Evidemment je suis parti trop vite, mais j’ai  terminé au courage. J’ai pris le virus. J’inscris la CCC à mon programme 2007 avec le Tour de la Vanoise en prépa. Tout s’est enchaîné ensuite. Le trail est un sport facile à pratiquer en harmonie avec la nature. Pour l’instant j’ai toujours réussi à m’entrainer quelles que soient les contraintes professionnelles ou climatiques.

En trail tu préfères quels distances et terrains ?

L’ultra montagnard car le coté découverte, mental est vraiment très présent. L’effort, long voire très long à allure modéré me convient mieux. Je pense que je commence à devenir performant à partir de 80 km. La variété des terrains est intéressante. Mon gabarit pas trop léger ne m’est pas favorable sur neige.

Ton état d’esprit avant et au départ d’une course ?
Quand je vais sur une course c’est pour découvrir la région, mais avec une âme de compétiteur. Je recherche toujours la meilleur place et malheureusement il n’y en a qu’une ! Au départ ma principale inquiétude est la blessure, tendinite, entorse ou autre. Autre souci lié au parcours : ne pas me perdre.

Tes points forts et faibles ?
Je pense que mon point fort est ma volonté et une certaine rigueur dans la préparation. Mon entraineur, Gildas Penverne, me fait des plans au jour le jour. A certaines périodes il est difficile de réaliser les séances programmées : météo, contraintes professionnelles,…Mais la plupart du temps en mettant par exemple le réveil plus tôt, j’arrive presque tout le temps à les planifier. Mon gros point faible est une grosse difficulté à maintenir la balance dans le vert, j'aime trop les bonnes choses. Mon poids varie entre 65 et 72kg.

Ton plus beau chemin couru, tes joies et déceptions ?

De nombreux chemins sont magnifiques. S’il fallait n’en garder qu’un ce serait les crêtes à plus de 4000 m lors de l’Hardrock dans le Colorado. L’arrivée du grand raid de la Réunion avec ma fille reste une émotion vraiment profonde. Grosse déception et souffrance en revanche suite à mon abandon dans l’UTMB 2009. J’étais à bout de force. Suite à un début de course difficile, je pense avoir pris froid. Dès Saint-Gervais j’ai eu des problèmes intestinaux. La météo difficile a fini de m’achever dans le grand col Ferret. J’ai insisté en me ravitaillant bien jusqu’à la Fouly, puis Champex, mais à Trient, je n’avais vraiment plus d’énergie. Lors d’un échec, je baisse la tête, analyse et repars très vite à l’entraînement pour viser un nouvel objectif.

Ta grande rencontre sur le plan humain, ta course préférée et rêve de record ?
J’ai beaucoup apprécié la rencontre avec un jeune guide Kenyan, grâce à sa philosophie, approche de la vie, de la nature et de la montagne. En dehors de son métier de guide, il court pendant la saison des pluies le marathon en moins de 2 h 20. Ma course préférée est je l’espère, la prochaine. Je prends énormément de plaisir à découvrir de nouvelles régions à travers la course à pied. Le dépaysement et la montagne rendent ces aventures mémorables. Je rêve d’une grande traversé mythique comme le GR20 en Corse ou dans les Alpes du type de la haute route Chamonix Zermatt ou de la grande traversée des Alpes de Thonon à Nice. J’aimerais participer à une course himalayenne.

Ton bilan 2011 ?
Mes deux principaux objectifs étaient le Grand Raid de la Réunion et la Hardrock. Mes victoires sur ces deux courses me satisfont complètement même si le début de l’année a été difficile.

Ton calendrier 2012 ?

Mon planning est quasiment bouclé pour les mois à venir : 5 mai trail du Nivolet-Revard, 18 mai ultra trail du Mont Fuji, 23 juin Zugspitz ultra trail. Je devrais aussi passer par Chamonix à la fin du mois d’août.

Tes données physiologiques ?

1,75 m, 68 kg. FCB / FCM : 31 en FCB sur un holter / max : 183. VO2 max : un test sur un vélo en 2009 me donnait une VO2 max de 73.1.

Ton entraînement, chiffres, fréquence, contenu, motivation ?
Je totalise chaque année environ 3500 km et 180000 m de D + en course à pied, 3500 km et 55000 m de D + en vélo et 180 km et 15000 m de D + à skis. En moyenne j’effectue chaque semaine 6 séances dont une en vélo. Sur les 4 séances course à pied, il y a une sortie nature d'1 h 30 à 2 heures, une séance de piste, au printemps du type 15 x 500 m, plus en été et une séance de spécifique : travail en côtes : 30/30. J'essaie de garder le lundi comme jours de repos. L’organisation avec mon job d’ingénieur a été rendu plus facile avec mon passage à temps partiel début 2011.
J’alterne au maximum les types d’effort mais ma préférence va au footing sur une boucle d'une petite vingtaine de km et 1500 m de D+ qui me permet de rejoindre le plateau de la Chartreuse depuis mon domicile. Je prends le plus de plaisir en allure d’endurance sur des circuits bien montagneux. J’ai beaucoup de mal à structurer seul mon entrainement.
Mon entraineur Gildas Penverne, entraîneur national de course hors stade de niveau 3, m’apporte cette rigueur avec un plan détaillé au jour le jour. Pour que les séances passent, les faire à plusieurs est important. Seul j’ai du mal à monter dans les tours. Je vois de temps en temps mon kiné, un autre Julien et il travaille énormément sur la raideur de mes muscles. Pour les détendre, il emploie des techniques de torture, à la limite du supportable… Mais bon ses moyens semblent efficaces, car il vient à bout de la plupart de mes petites gênes.
Ma motivation vient en me projetant vers de nouvelles aventures, découvertes et objectifs. Un plan d’entrainement structuré m’aide beaucoup. Il est normal d’avoir des périodes difficiles mais de savoir que ça ne va pas durer, aide.


Ta diététique ?

Il s’agit d’un de mes points faibles j’essaie de travailler sur la qualité de mon alimentation au quotidien et en course. Je n’ai pas un régime alimentaire particulier à la maison, j’essaie juste de privilégier une alimentation riche en fruits et légumes. Depuis le début 2011 pour ma préparation je travaille avec Anthony Berthou et sa gamme Effinov qui permet de s’alimenter principalement avec la boisson en course.

Tes raisons de ton choix Salomon et rapport avec le matériel utilisé ?
De l’extérieur Salomon me semblait le leader et le plus compétent sur le marché du trail running. De l’intérieur j’ai vraiment l’impression d’être dans la bonne écurie avec un service voué à la performance des produits et des athlètes. En trail tous les produits sont importants mais les chaussures me semblent vraiment le point le plus sensible. Globalement, côté produit je recherche la performance. Si en plus il peut y avoir du confort et un esthétisme sympa c’est le top !

Ton regard sur l’essor du trail, son organisation ?

L’essor du trail est une très bonne chose ! Cependant, il faudra négocier le virage avec soin. Le trail prend la même courbe de progression que le VTT il y a quelques années. Attention de ne pas trop l’aseptiser. Il faut mettre des règles claires dans certains domaines. Les organisateurs de l’UTMB le font concernant le dopage par exemple. Placer des chartes, des contrôles, est une très bonne chose. Il n’y a pas qu’un type d’épreuve, chaque trail a ses spécificités. Il faut garder cette particularité. Sinon, il perdrait son âme et intérêt.

Le trail running discipline olympique ?
Oui pourquoi pas, mais il me semble difficile de réaliser un parcours qui soit à la fois dans « l’esprit trail » et qui permette un suivi comme une épreuve olympique. Actuellement il n’y a pas d’épreuve de plus de 10 heures. Si la course est trop réduite, on sera trop proche du cross et loin de ma vision du trail running.

Les Primes de courses, la professionnalisation ?

Vu les retombées médiatiques et l’engouement pour ce sport, il me semble normal que les personnes qui en font l’image puissent en retirer un bénéfice. Il faudra tout de même être très vigilant à l’arrivée de l’argent qui peut entrainer des dérives.

Tes conseils à un trailer, message à faire passer ?

Prendre son temps, se fixer des objectifs et se donner les moyens de les atteindre. Le plaisir en est la clef. J’aime bien une citation Arthur Ashe : « Une des clés du succès est la confiance en soi. Une des clés de la confiance en soi est la préparation. »

Ton temps libre, loisir, autres passions ?
Je prends du temps en famille avec ma femme et mes deux filles. Des balades, des jeux, la vie de papa. Quand les beaux jours arrivent, j’aime bien essayer de faire survivre un potager. Pas toujours facile. J’écoute aussi des musiques, j’aime bien varier. Je découvre souvent les albums en courant même si je ne prends que rarement mon lecteur. Je dois faire 80% de mes sorties sans. La musique m’aide quand la météo est mauvaise, le moral pas top ou encore la nuit.

Les champions que tu admires ?
Il y en a beaucoup, tous dans des secteurs différents. Je suis vraiment fan de biathlon et de C O de part la spécificité de ces sports qui demandent  beaucoup de qualité physiques et de concentration. Le parcours de Raphaël Poirée et Vincent Jay me font rêver. J’aurais certainement aimé être champion dans un autre sport mais regarder dans le rétroviseur ne fait pas avancer. Je ne suis peut être pas un champion dans mon sport mais j’y prends beaucoup de plaisir, l’essentiel, non ?

Et si tu étais une montagne et chemin ?

Si j’étais une montagne ce serait le Mont Cervin et si j’étais un chemin, je choisirais  un single sinueux sortant des bois pour atteindre les neiges permanentes d’un sommet alpin.

Liens perso (blog) : www.julienchorier.com

Photos Robert Goin

Faites connaissance avec les autres membres du team Salomon 2012
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 - Fabien Nabias
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 - Cyrille Gardet
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