Dossier - Le syndrome de l'essuie glace TFL

Le syndrome de l’essuie glace ou tendinopathie du TFL est causé par la friction répétée de la bandelette ilio-tibiale sur le tubercule du condyle externe du genou lors du mouvement de flexion/extension.
C’est une pathologie typique du traileur, du raideur et du coureur de fond. Elle apparaît notamment sur terrain descendant, irrégulier ou même le plat.
L’usure de la chaussure, ou même la qualité de celle-ci ne joue pas sur la douleur. Profitons de l'expertise de podologues expérimentés pour en savoir plus sur ce fameux TFL.


RELATION ENTRE EPINE IRRITATIVE D APPUI PLATNTAIRE ET TENDINOPATHIE DU T.F.L. 

                   
Par Olivier Garcin et Anthony Gibaud 

Le syndrome de l’essuie glace ou tendinopathie du TFL est causé par la friction répétée de la bandelette ilio-tibiale sur le tubercule du condyle externe du genou lors du mouvement de flexion/extension. C’est une pathologie typique du traileur, du raideur et du coureur de fond (possibilité de la retrouver aussi chez les cyclistes et les footballeurs). Elle apparaît notamment sur terrain descendant, irrégulier ou même le plat.
L’usure de la chaussure, ou même la qualité de celle-ci ne joue pas sur la douleur.             





Nous avons souhaité mettre en évidence le lien entre cette tendinopathie et des douleurs plantaires, conscientes ou non, appelées épine irritative d'appui plantaire (EIAP). Pour cela nous avons pris deux populations de coureurs (trail/bitume) :

•    Une dite saine (sans tendinopathie du TFL) composée de 19 sujets.
•    Une dite pathologique (présentant une tendinopathie du TFL) composée de 25 sujets.
 Elles sont composées d’hommes et de femmes, entre 20 et 65 ans, s’entraînant de manière régulière. Le type de chaussure n’est pas pris en compte.

Le protocole est constitué par un questionnaire :

•    Nom,
•    Sexe,
•    Date du diagnostic du médecin traitant.
On évalue
•    L’intensité de la douleur ressentie,
•    Le périmètre de marche effectué sans douleur,
•    Le temps de latence  de la tendinopathie.
Puis on effectue
•    Un posturo dynamique sur sol dur et mou afin de mettre en évidence la présence d’EIAP
•    Un test unipodal (ou test du héron) pour sensibiliser l’articulation du genou

Le posturo dynamique est un test permettant de déterminer si la biomécanique vertébrale est physiologique ou pas. La colonne vertébrale dorsale et lombaire doit effectuer une rotation controlatérale à la latéroflexion du rachis (le bassin et l’omoplate doivent s’avancer lors de l’inclinaison latérale), tandis  que le rachis cervical ne doit pas réaliser de rotation lors de la latéroflexion de la tête.
Le test du héron permet de sensibiliser l’articulation du genou pour révéler les dysfonctions masquées :le genou doit se diriger dans l’axe du 2ème rayon lors de la flexion.

Après la 1ère consultation, les résultats sont assez éloquents. Tous les sujets ayant une tendinopathie du TFL présentent une EIAP (23 sous l’avant pied et 2 sous le talon). Tandis qu’une grande majorité des sujets sains n’en présentent pas.

En ce qui concerne le test du héron, celui-ci est pathologique dans 85% des cas pour la population TFL et révèle une proportion d'instabilité interne plus importante. Après le traitement des EIAP par orthèse plantaire, nous pouvons observer une nette diminution de la douleur de la tendinopathie jusqu’à J+22 semaines, permettant  une augmentation du périmètre de course perceptible dès 8 semaines, devenant de plus en plus importante à +16semaines. Il en ressort aussi que l’état postural des sujets pathologiques est amélioré : amélioration du test posturo dynamique et diminution du nombre d’EIAP au fil des semaines. Il en est de même pour le test unipodal qui s’améliore constamment à +8/+16/+22 semaines  pour obtenir 20 cas physiologiques et 5 pathologiques. La population saine n’évolue pas.  
Cette étude nous a permis de montrer la présence systématique d’un 1er rayon dysfonctionnel (ensemble gros orteil/1er métatarsien/1er cunéiforme) pour la population pathologique par la présence quasi systématique d’EIAP antérieure.

L’épine irritative d’appui plantaire a donc une répercussion directe

•    Sur l’état postural,
•    Sur la douleur
•    Sur les performances des sujets en limitant leur périmètre de course provoqué par cette douleur.
 Les bénéfices significatifs apportés par le port de semelle de posture dans la population dont le diagnostic du syndrome de l’essuie glace est récent, soulèvent la question d’un dépistage systématique des épines irritatives d'appui plantaire chez les coureurs à pied.
 Ce dépistage et le port de semelles pourraient permettre de limiter le risque de développement d’une tendinopathie invalidante.

Dossier réalisé avec l'aide précieuse d'Olivier GARCIN
•    Podologue du sport, posturologue sur Chamonix et traileur.
•    Membre du CMBM (club de course à pied sur Chamonix, des traileurs du Mont-blanc ), association podoxygène
•    Responsable podologue de «  the North Face Utltra Trail tour du Mont Blanc®. »

Lire aussi nos dossiers complémentaires
 - Trail et podologie
 - Le malaise vagal
 - Le froid qui soulage
 - Pathologie du pied et UTMB

Bibliographie : 
Kamina P, précis d’anatomie clinique tome1 Netter F-H, Atlas d’anatomie humaine (p500),Ed Elsevier Steven-D Waldman, Syndrome douloureux courant (p538) Auré P, Traumatologie sportive, Ed Estem Brunet-GuedjE,Brunet B, Moyen B, Medecine du sport (p158), Ed Masson Martinez J.M, Hamsik K, Lorenzo CT, Iliotibial band friction syndrome eMedecine.com Leporck A.M, Villeneuve Ph, les épines irritatives plantaires. Objections clinique et stabilométriques. Pied équilibe et posture, 131-139, Villeneuve Ph, Frison-Roche, Paris, 1996 Villeneuve Ph, L’épreuve posturo dynamique, les entrées du système postural fin. Association Française de Posturologie Journot C, Villeneuve Ph (1996), Un nouvel examen posturologique : le posturodynamique. « Pied équilibre et posture »(Ed Ph Villeneuve) (p 139-145), Frison –Roche, Paris VilleneuvePh (1996), L’épreuve posturo dynamique, les entrées du système postural fin. Sous la direction de P.M Gagey et B. Weber. Côme D, 2002, Le syndrome de déficience fonctionnelle du premier rayon, Sofpod 2002 De Broca A, Soins palliatifs deuils, 2ème ed, Ed Masson Weber B, Posturologie clinique, Dysfonctions motrices et cognitives (p8), Ed Masson Villeneuve Ph,(1996), Les traitements posturopodiques, Pied Equilibre et Posture, Frison-Roche(p175-188) Janin M (2000), Modification de la posture selon la hauteur d’éléments. Mémoire D.U physiologie de la posture et du mouvement. Janin M (2003), Modification es critères posturaux par des éléments rétrocapitaux, dits barres antérieures, d’épaisseures variées. Pied Equilibre et Traitement posturaux, coordinationB Weber, Ph Villeneuve, Ed Masson. Pélissier J, Viel E, Douleur et médecine physique et de réadaptation (p 140) 2000 Scott J, Huskisson, Vertical or horizontal visual analogue scales 1979 Viel E,Eledjan JJ, Le praticien en anesthésie réanimation vol.3, n°3-mai 1999